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Les risques et les opportunités de la délocalisation virtuelle

Les risques et les opportunités de la délocalisation virtuelle

La pandémie de Covid-19 a entrainé un développement massif du télétravail. Lorsque la crise sera terminée, ce changement culturel pourrait continuer à avoir des conséquences sur l’économie. D’après une étude de la Coface, des dizaines de millions d’emplois dans les pays riches risquent d’être délocalisés virtuellement dans les pays émergents. En effet, l’essor du télétravail a montré que ce que les salariés locaux ont réalisé à la maison, les télétravailleurs étrangers peuvent le faire depuis chez eux, et cela, à des coûts beaucoup moins chers.

Voici les risques et les opportunités de la délocalisation virtuelle, selon cette étude menée par la société d’assurance française Coface.

160 millions d’emplois menacés dans les pays riches

Selon l’Organisation Internationale du Travail, seulement 13 % des emplois seraient délocalisables, alors que dans les pays à revenu élevé, comme la France, cela toucherait 27 % des emplois. La Commission Européenne annonce même un taux de 37 %. Cependant, tous ces travaux ne peuvent pas être entièrement délocalisés virtuellement. Certaines tâches requièrent une présence partielle au bureau, un contact physique avec les clients ou des compétences particulières que seuls les travailleurs domestiques maitrisent.

La société d’assurance française Coface a ainsi estimé le nombre total d’emplois télétravaillables dans les pays développés à peu près 160 millions. Dans les pays émergents, environ 330 millions de personnes seront capables de les effectuer.

Des économies considérables sur les coûts du travail

Au cours des dernières décennies, la délocalisation de leurs usines industrielles a permis aux entreprises d’accroître leur productivité. Mais ces rendements et efficacités ont diminué depuis plusieurs années. Pour continuer à gagner en compétitivité, la délocalisation des emplois télétravaillables, vers des pays où le coût de la main-d’œuvre est moins élevé, se révèle être une excellente solution. La Coface a ainsi calculé que délocaliser 1 des emplois télétravaillables sur 4 à l’étranger permettrait aux entreprises françaises d’économiser 7 % de leurs coûts de travail.

Plusieurs entreprises pourraient être tentées par la délocalisation virtuelle à cause de la hausse de leur endettement en 2020 et l’atténuation de la réticence face au télétravail durant la crise. Aux États-Unis, dans un échantillon de 330 grandes entreprises, 36 % se disent même être prêtes à opter pour le télétravail à plein temps, contre 12 % avant l’ère du Covid-19.

Plusieurs pays émergents favorables à la délocalisation

Si pour les pays riches, la délocalisation virtuelle à grande échelle peut engendrer un risque politique, elle est pourtant source de développement pour les économies émergentes. Pour que ce transfert d’activité soit une réussite, les pays d’accueil doivent réunir certaines conditions. Ils doivent posséder un bon niveau de formation, des coûts salariaux faibles, des infrastructures technologiques et un environnement juridique et fiscal favorable aux affaires.

Plusieurs pays répondent à tous ces critères. L’Inde, l’Indonésie et le Brésil sont en tête du classement grâce à leur grand nombre de télétravailleurs potentiels et leurs coûts de main-d’œuvre très compétitifs. Vient ensuite la Pologne qui offre un climat des affaires favorable et une infrastructure digitale forte. Enfin, bien que la Chine et la Russie soient théoriquement des destinations de délocalisation virtuelle de choix, le risque géopolitique et les enjeux en cybersécurité croissants avec l’Occident les disqualifieront largement.
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