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La numérisation du travail vers le chômage de masse ou une prospérité renouvelée

La numérisation du travail : vers le chômage de masse ou une prospérité renouvelée ?

Le télétravail n’est pas une pratique récente. Au contraire, il existait depuis au moins une décennie, mais était marginalement appliqué jusqu’à l’arrivée de la pandémie de Covid-19. Depuis mars 2020, il devient le quotidien de nombreux salariés qualifiés, et cela pourrait continuer même après la fin de la crise. Les entreprises ont été obligées de digitaliser les interactions professionnelles et d’investir dans plus de technologies pour automatiser certaines tâches.

Mais quelles seront les conséquences de cette numérisation du travail à court, moyen et à long terme ?

Un impact positif sur le bien-être des cols blancs à court terme

D’après les enquêtes, les « cols blancs » qui ont eu l’occasion de travailler à domicile durant les confinements sont majoritairement satisfaits. 86 % des télétravailleurs français en 2021 désirent même poursuivre cette pratique après la crise sanitaire, selon les résultats du baromètre annuel du télétravail de Malakoff Humanis. Les raisons en sont nombreuses : plus de flexibilité au niveau des horaires, la réduction du temps et des coûts de trajet, ainsi que la possibilité de déménager loin du lieu de travail. La plupart des cols blancs pourront encore bénéficier de ces avantages pendant un certain temps. En effet, ils passeront à court terme à une semaine de travail hybride avec environ 3 jours au bureau et 2 jours à la maison.

Le risque de chômage de masse à moyen terme

À moyen terme, la numérisation du travail pourrait engendrer le chômage des travailleurs sur place. Les nouvelles technologies se développent rapidement, améliorant ainsi la collaboration à distance, comme les outils de réalité virtuelle ou les logiciels traducteurs. Grâce à ces innovations, les entreprises locales pourraient être tentées de délocaliser les emplois qualifiés vers d’autres pays où la main-d’œuvre coûte moins cher. Ce phénomène est appelé par l’économiste Richard Baldwin la « télémigration ». En même temps, il y a également l’intelligence artificielle (IA) qui devient plus performante que les humains dans le traitement de certaines tâches. Les travailleurs qualifiés pourraient alors être face à une concurrence accrue venant à la fois des télémigrants et des robots dans peu de temps.

Reconstruire la prospérité avec une adaptation rapide de la société

Mais cette situation peut parfaitement être évitée. En effet, les expériences précédentes ont révélé que les télémigrants et l’IA ne remplaceront pas nécessairement la main-d’œuvre locale, mais la complètent dans beaucoup de manières. Les technologies digitales évoluent à grande vitesse, obligeant ainsi la société à s’y adapter rapidement. Pour y arriver, les systèmes éducatifs des générations futures doivent d’abord être remodelés de façon à ce que l’homme conserve un avantage comparatif clair sur les robots. Les formations doivent aussi être réorientées sur des domaines où les connaissances locales et la proximité géographique sont essentielles. Ensuite, la main-d’œuvre locale existante doit bénéficier d’une meilleure protection sociale et des programmes de reconversion qui facilitent le changement de carrière. Enfin, si les grandes entreprises décident à substituer les contrats de travail traditionnels avec l’IA et la télémigration, il faudra mettre en place un système fiscal progressif et de nouvelles législations du travail. Cela permettra de contrer l’explosion des inégalités sociales.
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